TRAIL : Mathieu Clément peut viser les places d’honneur

Le Gruyérien Clément Mathieu intègre désormais le team Asics Trail. Il souhaite vivre un jour de son sport. 

D’entrée, Mathieu Clément fixe les objectifs de sa saison: “Cette année je me suis fixé 4 objectifs: le 85km MIUT de Madère, le 90 km du Mont Blanc, la CCC, et si la forme le permet encore en fin de saison, l’ultra trail du Cap town 100 Km. Je vais essayer d’aller chercher des places d’honneurs si la forme est au rendez-vous.”

Mathieu, peux-tu nous dire d’où tu viens ?
De l’autre pays du fromage ! J’ai grandi et je vis actuellement dans le village de Vuadens situé en Gruyère dans les Préalpes près de Bulle. Je suis le fils aîné de la famille (nous sommes 3 enfants, 2 garçons et 1 fille) et mes parents sont tous les 2 amoureux de sport et de nature. Ils m’ont transmis jeune, leurs valeurs et déjà vers 3 ans, je faisais mes premiers pas en ski de descente. Puis un peu de marche en montagne, du vélo et quelques compétitions mais qui se limitaient à quelques centaines de mètres à cet âge-là, c’était notre moyen à nous de faire des activités en famille le weekend.
Puis, arrivé vers l’école obligatoire, j’ai fait quelques années du foot pour passer le temps avec les copains et m’amuser, également du ski de fond, toujours avec mes parents, sachant que j’ai toujours couru un petit peu et que j’ai toujours aimé aller me balader en montagne.

Une passion précoce donc ?
Oui c’est ça. A l’âge de 11 ans, comme j’adorais nager. J’ai alors débuté la natation en compétition, j’ai pratiqué quelques années, mais le Trail et la montagne m’attiraient. Un de mes meilleurs souvenirs d’expériences sportives, est d’avoir suivi à l’âge de 13 ans en 2008, mon papa qui courait sur la CCC, puis l’année suivante ma maman. J’ai été marqué aussi par l’UTMB. Je n’en revenais pas, comment était-ce possible de parcourir une telle distance ? Je n’en croyais pas mes yeux, c’étaient mes héros ! On les suivait toute la course, de ravitos en ravitos, je trouvais déjà sublimes les coins passés durant cette course, ainsi que l’ambiance fantastique de l’événement… J’avais de étoiles plein les yeux d’admiration et j’ai toujours suivi cet événement qui me fait rêver depuis le début.
A 15 ans j’ai eu un déclic dans le sport, j’avais lu une brochure sur le triathlon, ça m’a intéressé car j’adorais nager et courir, et j’allais tous les jours à l’école en vélo. J’ai donc débuté le triathlon et j’ai également commencé à m’entraîner un peu plus, environ 3 à 4 fois par semaine, et c’est vraiment là que je me suis rendu compte que j’adorais ça le sport. Le partage, passer du temps avec la famille, les copains, se dépenser, aller au bout de moi-même, se lancer des défis, se préparer pour un objectif, j’ai compris que je m’épanouissais comme ça et j’ai compris que je ne pourrais plus m’en passer. A 15 ans j’ai couru mon premier trail avec ma maman je m’en souviens comme si c’était hier : 30 km à St-Maurice dans le Valais ! J’ai adoré évoluer dans un tel cadre, ainsi que la gestion de l’effort, je me souviens qu’une fois avoir franchi la ligne, je voulais encore continuer…

Tu t’es alors mis au Trail complètement ?
Non, jusqu’à mes 18 ans j’ai continué le triathlon, mais en fait je passais beaucoup plus de temps à courir qu’à m’entraîner sur les autres domaines. Au final gentiment et sans m’en rendre compte ; je bifurquais du triathlon à la course à pied uniquement, même si j’ai toujours gardé du vélo dans ma préparation. Je me suis donc mis à pratiquer des compétitions de course à pied mais des petites distances rapides et plutôt plates environ 10 km, jamais plus. Durant 2 ans je me suis amusé et j’ai pris du plaisir avec de jolis résultats sur ce type de course. A 20 ans j’ai voulu me lancer un nouveau défi, moi qui ai toujours aimé la montagne et la pente. Quoi de mieux que Sierre-Zinal ? A cette époque je m’entraînais 5 fois par semaine, mais jamais plus que 1h30. Je m’étais dit pourquoi ne pas essayer de faire moins de 3h30, mon papa avait fait 3h15 une fois, mais je ne pensais pas être capable de l’égaler. Je n’ai donc pas changé ma préparation et j’ai continué à m’entraîner comme d’habitude. Quelle surprise de franchir la ligne en 3h05. Cette course je m’en souviendrai tout ma vie tant par l’ambiance, le ressenti, mes parents au bord du parcours pour me donner de la force et voir ce temps que je n’aurais même pas imaginé, j’en avais les larmes aux yeux et j’ai encore les frissons quand je me remémore cette course. Ensuite, j’ai couru mon premier grand trail de 64 km à St-Maurice et j’ai gagné. Je me souviens aussi des courbatures d’après course, j’avais bien subi les jours d’après !

C’est donc à 20 ans que tu as pris ce virage ?
Oui en 2016, mais malheureusement cette première saison a été marqué par les blessures, avec deux grosses entorses sur chaque pied, je n’ai pas pu m’entraîner comme j’ai voulu. Mais j’ai tout de même tenu à participer à l’OCC, l’événement dont je rêvais depuis toujours. Je me souviens que j’avais particulièrement souffert en fin de course et dans les descentes à cause de mes chevilles fragiles et de la chaleur… Mais j’ai été content de terminer à une 19 ème place Scratch et un podium espoir. En 2017 avec une forme retrouvée, j’ai participé à plusieurs trails dans ma région, Trail des Paccots, Grand Trail de Charmey, et d’autres… que j’ai tous pu remporter. Et c’est donc avec une envie de revanche que je suis revenu sur l’OCC et cette fois tout s’est bien passé. Je me sentais vraiment bien et j’ai franchi la ligne en 5h42 13 ème au scratch et 2 ème espoir. En fin de saison j’ai eu l’occasion de rejoindre le team Scott Dupasquier.

En 2018 j’ai décidé de structurer mon entraînement en prenant un coach, Christophe Mallardé qui m’a beaucoup appris et qui m’apprend toujours. Et vu que 2018 était l’année du changement, j’ai décidé de participer pour la première fois à un ultra et quoi de mieux que la CCC, cet événement qui me fait rêver depuis toujours pour débuter ! La course s’est plutôt bien passée les 70 premiers km, mais après, ça s’est plutôt compliqué pour moi et il a fallu rentrer tant bien que mal à Chamonix ! Une 27 ème place en 12h52, mais j’avais adoré ça. J’ai découvert le fait de se dépasser quand les jambes ne veulent plus et les forcer à avancer avec la tête et le sentiment à l’arrivée est juste incroyable. J’ai aussi participé cette année-là au Grand Trail des Templiers que j’ai pu terminer à la 18 ème place. J’ai bien aimé l’ambiance et quel beau parcours.

2019, je pense, est pour l’instant ma meilleure saison. J’ai changé de métier étant employé de commerce à 100%, je me suis engagé comme postier à 80% pour avoir un peu plus de temps pour m’entraîner. Côté sportif j’ai d’abord participé à la Transvulcania, mais à cause de problèmes intestinaux, je me suis contenté de finir. Je suis juste fier d’avoir terminé, tant les problèmes physiques étaient durs et la solution de facilité d’arrêter me tendait les bras. J’ai ensuite décidé de visiter les Dolomites sur le Lavaredo 87 Km, une course qui s’est bien passée, en mode remontada et en revenant sur Scott Hawker, mais il a pu terminer plus fort que moi, mais quel plaisir avec maman qui était venue pour me faire l’assistance, sans elle cela aurait été compliqué. Puis j’ai enchainé à nouveau avec la CCC, maintenant que je connaissais la distance, je me sentais un peu plus prêt, même s’il y a toujours une part d’inconnu. Mais cette course a été une belle remontada en passant au premier col à la 60 ème place, j’ai pu terminer 16 ème en 11h51 (1 heure de moins). Que d’émotions sur la ligne avec toute ma famille qui était là pour me féliciter et qui m’avait encouragé durant la course. J’aurai voulu terminer ma saison par les Templiers, mais on connaît le scénario, elle a été annulée.

Comment vois-tu l’avenir ?
Aujourd’hui j’ai 24 ans, je vis toujours à Vuadens avec mes parents. Je suis un amoureux de la montagne où je passe la plupart de mes entraînements avec mes parents, des copains, ou tout seul. Tout ça me permet de me sentir bien, de m’épanouir, d’être heureux. Dans la vie, j’aime profiter du moment présent, avoir une bonne hygiène de vie. J’aspire à devenir meilleur que je ne le suis aujourd’hui, en travaillant mes défauts, en m’engageant à 200%, et mon rêve serait un jour de pouvoir vivre de cette passion. La course de mes rêves est L’UTMB et j’aimerais un jour pouvoir taper un gros coup là-bas. J’ai la conviction que d’entrer dans le team ASICS va m’aider à atteindre mes objectifs.

Propos recueillis par le team Asics Trail
10/03/2020